La vieille (...)
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À toutes les "Jeannes"...
Telle la chandelle qui se consume lentement,
La vie s'égrène de plus en plus doucement...
Un poème de Sylvie Houbron mis en voix par Pascale Fuster pour "Poèm' À Nans 2024"...
La vieille
La peau parcheminée, quasi transparente
Si fine : on voit battre son cœur en ses veines
Si douce des câlins et caresses donnés
Si blessée par la vie, le temps qui l'a striée…
Une peau solitaire qui n'a plus d'émoi
Peau solitaire parfumée au désarroi
Une peau veloutée comme poudre de riz
Peau qui, au contact de vêtements, frémit.
Des cheveux refusant de devenir neige ;
Des yeux doux, ridés, où des larmes se piègent
Des yeux délavés, usés d'avoir trop pleuré
Des yeux fanés, éteints, d'insomnies répétées…
Posant son regard sur une photo sépia..
Vie d'hier, souvenirs d'aujourd'hui: L'Histoire
Petite ou grande, mais c'est son histoire...
Pour, toujours, se souvenir face à ces rapiats
Ces médisants du : « il n'y a jamais rien eu »
Au « détail de l'histoire » face aux blessés, oui, eux!
Souvenir ; Souvenirs...
Déroutant ; Redoutant
Solitude Amplitude
Martyrs Partir…
Un cœur où résonnent tant de souvenirs
Une vie qui n'en peut plus de finir...
Détriment. Sentiments. Simplement. Réellement
Empire. Peines. Soupirs...
.../...
Un corps las, usé, rongé d'avoir trop donné
Corps malade, voûté, déformé, mutilé
Un esprit qui ne se souvient plus, embrumé,
Qui fuit, sera-t-il revenu ? Abandonné ?
Seule, dans la pièce devant la cheminée
Elle regarde le feu danser et s'exprimer ;
Et se souvient des tempos, jadis, cadencés,
Elle dansait toute la nuit, déterminée…
Dans un rocking-chair d'osier, elle se balance
Suivant la mélodie du vent qui s'élance
Rendant la symphonie de la pluie intense
Forte, plus puissante que sa vie est dense…
Un chat noir, blotti sur les genoux ronronne
Et elle, regardant dans le vide, elle marmonne
Quelques mots et souvenirs trop monotones
Au loin, dans la vallée, les cloches résonnent…
À mesure que le temps passe et s'érode,
La comtoise, douce, donne la cadence
Parfums et souvenirs la mettent en transe
Alors que ses nombreux fantômes y rôdent…
L'armoire, lourde, abritant le linge brodé
Ouvre sa porte grinçante pour dévoiler
Linge immaculé, sachets de lavande
Alors que le vent court toujours sur la lande...
.../...
Le chat miaule, saute lourdement et s'en va
Il se dirige vers cette armoire dun bon pas ;
Qu'il en soit ainsi, « boudiou », elle ne l'entend pas
Et saisissant sa canne, elle lui crie: « t'en va » !
Et dans un effort surhumain elle se lève,
Va, d'un pas hésitant, en appelant Eve ?
Tremblotant et chevrotant, elle va fermer
La lingère que sa fierté a enfermée…
Solitaire dans sa maison, elle vivote
Et, de temps en temps, un thé chaud, elle sirote
Telle la chandelle qui se consume lentement
La vie s'égrène de plus en plus doucement ;
La flamme tressaille, la lumière s'éteint
Tout doucement, un peu plus, chaque matin...
Un poème de Sylvie Houbron aux Éditions "Les Plumes d'Ocris"
Née dans les corons de l'Est de la France en 1960,
Sylvie HOUBRON demeure fortement influencée par les valeurs qui lui y furent inculquées. C'est dans ce contexte qu’elle écrit ses premiers textes d'inspiration poétique vers 10/12 ans, encouragée à persister dans cette forme d'expression par les enseignants. L’un d’eux en 1978, l’engage à participer à un concours national et elle se voit retenue parmi les 10 meilleurs lauréats de France.
Elle se voit ensuite publiée dans quelques journaux, revues littéraires, recueils collectifs et récompensée lors de quelques concours.
[...] Lire la suite ici... Sylvie-houbron-soleils-noirs (editionsplumesdocris.fr)
Et en vidéo:
"La vieille" est publié aujourd'hui " par la Grâce d'une Rencontre"
(Photo Alain Montoyo...)
Article publié le Lundi 18 Mars 2024...