La Ferme du Gyps (20)...
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La ferme du Gyps...
Marie raconte
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Elles s’installent confortablement, sur la grande pierre à côté de la tour, dans les pâles rayons du soleil de printemps.
Marie prend la parole :
- Je montais souvent dans le Bois du Monsieur, sur la roche du Verneau, elle surplombe de magnifiques cascades, j’aime cet endroit, beau et sauvage. Quand le Verneau ne se fâche pas, on entend juste le gazouillis de son eau claire. Je crois que j’ai toujours ressenti le besoin de m’échapper du monde, dans cet endroit on y ressent, je ne sais pas comment dire, c’est comme si on échappait à sa vie.
Ce jour-là, j’y suis montée et je suis restée là à regarder: de là-haut, tu voyais le village depuis les Rolats jusqu’à la vieille route de Salins et partout alentour des Ourcières au Champ des Batailles, du Gyps à la Montricharde, de la forêt de Fertans aux Feuilles, la Chènevière au Grand Verger , et le plus joli spectacle était le champ des batailles lorsque les blés se marient au rouge des coquelicots. Et le radoux colorait les champs de mille fleurs.
C’est là que je l’ai entendu. Le souffle.
Le même souffle que celui qui me poursuivait cette nuit-là.
Je me suis retournée mais c’était trop tard, il était là derrière moi me barrant le passage et j’ai vu son visage.
Crispé par la haine, il s’est mis à parler, le souffle court, il braillait :
- J’ te tiens vaindieu, tu vas pas m’échapper cette fois.
Saprée vioce, la même que ta mère, cette garce qui m’a rejeté, elle préférait son gosse de riche, alors c’est pour elle que j’ai cabé l’héritier du Frenet, et quand j’y ai dit elle avait que du mépris dans les yeux.
J’étais riche elle me refusait encore.
J’lui ai raconté comment j’l’avais forcé à écrire la reconnaissance de dettes, comment j’l’avais occis et fait passer ça pour un suicide, mais elle a pas voulu, seulement elle en savait trop.
Alors j’ai convaincu le vieux faïencier de pas faire revenir son rejeton et j’ai écrit à l’autre que la Faustine était mariée, et après j’ai convaincu les gars qu’elle demandait que ça, ça m’a coûté quelques bouteilles, ils étaient tellement saouls et ils la lorgnaient depuis pas mal de temps alors je les ai entrainés au Gyps et leur ai dit que si vous vouliez pas, on avait qu’à se servir et vous nioquer pour que vous parliez pas, et ils ont marché ces gouillauds.
Mais y a fallu que tu te sauves et j’ai pas réussi à te rattraper, et la chance a voulu qu’ils aient peur de toi, ça m’a bien servi, j’les ai fait boire et quand ils ont été bien remontés j’les ai guidés chez toi, fallait pas que tu racontes à ta rejetonne, fallait que vous creviez toutes les deux, j’les ai poussés à bout et j’me suis planqué.
Ça aurait marché si c’ taillandier de malheur était pas venu s’en mêler, t’ y serais restée et ta bâtarde avec, comme ta garce de mère.
Mais y a fallu que tu reviennes et que tu les soignes, et ils n’avaient plus que toi à la bouche.
Et j’ai dû faire son affaire au Paul, y beuglait le salaud y voulait tout raconter, ils ont commencé à douter que tu portes la mort, mais c’est fini.
- Il m’a poussée et je ne me souviens de rien d’autre.
Je me suis réveillée ici, la fouine était près de moi et ma jambe me faisait souffrir.
Voilà, la fouine va te raconter le reste.
Paule était consternée, par le récit.
Il avait voulu tuer sa mère et il était toujours là. C’est lui qui lui avait tiré dessus.
Elle serra sa mère dans ses bras, puis se tourna vers la fouine pour connaître la fin du récit.
[...]
🔊: L'extrait d'aujourd'hui lu par alain ...
La nouvelle " La Ferme du Gyps" est publiée sur ce blog avec l'accord de l'Auteure/Éditrice du livre: Pascale FUSTER.
Avertissement
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Toute ressemblance avec un individu existant ou ayant existé ne peut être que pure coïncidence.
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Sont utilisées les images du domaine public.
Les noms de familles sont des lieux-dits du village.
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Année publication : 3 -ème trimestre 2020
ISBN : 978-2-9573108-0-7