L'Éphémère : "L'Horreur" (...)

> J-10 :

 

L'Horreur...

 

Sur un champ de bataille un soleil rougeoyant

Posait son baiser rouge aux lèvres des mourants

Lorsque l'Ombre investit les portes du couchant

Mon front noir émergea des replis de sa mante.



Mon lit noir reposait sur des boulets d'effroi

Que les canons sanglants crachaient vers l'infini

Et dans la nuit chantante où palpitaient les nids

Ma lèvre désapprit les paroles de foi.



L'eau froide de la peur a trempé mon cœur dur

Car les pleurs de l'aurore aux corolles écloses

Ne peuvent ramener sur mes lèvres moroses

Le sourire englouti dans ses limons impurs.



J'erre avec l'ombre louche aux portes du couchant

Dans les soirs de tueries, en mes haillons de brume

Je hante les replis du sol où le sang fume

Pour confronter mon rire aux rictus des mourants.

 

Et lorsque l'Aube point sur mon indifférence

Que les bras des blessés se tendent vers la vie

Ma hache est là qui veut d'un lourd revers d'envie

Abattre lourdement ces moignons d'espérance.

 

J'entre avec les soudards aux éboulis des brèches

Et préside aux tueries sur les places tragiques

Avec les chemineaux dans les soirs magnétiques

Je vais rôder autour des sépultures fraîches.

 

Dans leurs fibres mordues des bêtes de rapines

La Mort tailla des liens pour son noir destrier

Et je souris de voir les fleurs de mon chantier

D'un parfum de cadavre enivrer ses narines.


Louis Pergaud

(La Fuite des Choses : Cinquième partie- Miscellanées )

                                                     ( Photo: "Et le soir quelquefois"   alain montoyo )

 

Tous les poèmes de ces Rencontres Poétiques du Lison de la Loue et de la Furieuse ici:

# Poètes à l'Unisson...

 

Article publié le Mercredi 3 Mars 2022

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