La Vierge du Lizon... (4.3)

  • Vivranans

 

LA VIERGE du LIZON

                                                                                     IV. (3)

  - Écoutez-moi, dit elle d'une voix solennelle, devant Dieu qui nous voit et nous entend, je vous déclare que je vous aime et je vous fais une promesse, la seule qu'il soit en mon pouvoir de vous faire : c'est que, si jamais je me marie, je n'épouserai pas d'autre homme que vous. Ne m'en demandez pas davantage pour le moment .
  À cet instant, le chant d'un rossignol éclata en trilles sonores dans l'épaisseur du feuillage d'un arbre voisin .

 Tous deux prêtèrent l'oreille à cette divine mélodie qui fait le charme des nuits de mai et semble exprimer, avec les ivresses de l'amour, toutes les joies du printemps .

  - Écoutons le rossignol, dit Marie, c'est un chant d'allégresse et de triomphe ; mais il y a une plainte dans ce chant, comme si le mélodieux oiseau savait que les beaux jours sont de courte durée, comme si le messager du printemps était aussi le mélancolique prophète de l'automne !

  - Oh Marie, dit André, le printemps de notre vie commence à peine et le long avenir est à nous . Pourquoi nous attrister en écoutant la note plaintive du rossignol ? Pourquoi songer que la saison des roses ne dure pas toujours et que le bonheur n'est point éternel ?  Aimons-nous et soyons heureux sans nous préoccuper de ce qui sera un jour : Dieu y pourvoira .

  - Mais si le bonheur terrestre, dit Marie, est de si courte durée, pourquoi le désirer, quand surtout, il doit s'y mêler cette amertume de savoir qu'il doit finir ? Pourquoi ne pas détacher nos regards de cette terre, et fixer nos yeux sur le ciel de notre patrie où nous trouverons le bonheur qui ne finit pas .

  - Vos idées sont extraordinaires, Marie ; ce ne sont point celles d'une jeune fille entrant dans la vie, qui aime et qui est aimée . Quand j'avais votre âge, le curé me demanda un jour si je voudrais entrer au séminaire . Je lui répondis que j'espérais faire mon salut en cultivant mon champ et en vivant en honnête homme aussi bien qu'en disant la messe.

  - Et que te répondit il ?

-   Il me répondit que si je ne me sentais pas la vocation d'être prêtre, je ferais mon salut plus sûrement en restant paysan .

  - Il t'a dit cela ?
  - Sans doute .

   Marie resta quelque temps pensive ; puis, prenant le jeune homme par le bras elle l'entraîna sur le sentier qui conduisait au village.

  -  Rentrons, rentrons, dit-elle la nuit descend et mon grand-père serait inquiet s'il ne nous voyait pas.

  Du reste, ce n'est pas convenable que nous restions plus longtemps dans cet endroit solitaire.

  - Que crains tu donc avec moi ?

   - Oh ! rien , dit Marie.

Puis se reprenant :

   - Si, je crains une chose maintenant…

  - Et laquelle ?

  - C'est que nous ne nous aimions trop .

[...]

        Début... )                                                                             ( Suite...

La Vierge du Lison  lu par alain l.

La Vierge du Lizon... (4.3)

Article publié le Vendredi 11 Mars 2022

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