Frontières: " Les Frontières" (...)
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LES FRONTIÈRES
II.
POÈME D´Antonio Miranda
traduit en français par Florence Dravet
Qu´est-ce qui démarque deux peuples,
deux nations, deux personnes?
Quelle ligne de partage
les fait différents
les met en contrepoint?
Et les nations sans territoire
les peuples sans démarcation?
Quelle est l´appartenance tellurique
du gitan et de l´immigré
du Nordestin en exil
et de l´indien nomade
ou errant et solitaire?
Quelle est la patrie des fugitifs
des expatriés, exilés
bannis dans l´ostracisme
des gens de la rue
des sans-terre
des peuples errants
des tribus ambulantes
des communautés alternatives
sans territoire
et domicile fixe?
Sous les ponts, cela correspond
à quelle nation?
Sous les pilotis insalubres,
de quelle citoyenneté fait-on partie?
Passeurs en mer
clandestin sur les cargos
aventuriers passants.
Nations expatriées
peuples transhumés
gens dépouillés
dans des ghettos
aliénés de toute appartenance légale
sur des frontières abstraites
culturelles et conventionnelles.
Qu´est-ce qui sépare un pays de l´autre?
Un drapeau? Une langue?
Une constitution?
Une intention démarcatrice?
Un précepte ou un préjugé?
Une clôture, un mur de circonstance?
Idéologies? Ethnies? Religions?
Ou des intérêts tribaux? Quoi d´autre?
Les sentiments telluriques, ancestraux
les valeurs transnationales
quelle patrie habitent-ils?
Les gens qui naissent, vivent
et meurent sans aucun registre
de naissance ni de mort
à quel pays appartiennent-ils?
Quelle est la frontière qui éloigne
un quartier millionnaire en bonne santé
d´un autre, ouvrier et misérable?
Qu´est-ce qui sépare ces enfants
blonds, beaux et vitaminés
des autres, noirs et squelettiques?
Ces corps sveltes, forts et bronzés
de ceux déformés des esclaves?
Sous terre, plantés tels cadavres indigents
on est des gens
et de quelle nationalité?
[...]
Le poème bientôt dit par...
Source du poème...
(Photo Alain Montoyo...)