Frontières: "La Cloison" (...)
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Un poème de Pierre Perrin pour "Poètes Sans Frontières"...
La Cloison
Le soleil monte les vignes qui se donnent à traire.
Près de l'étang, des courlis s'étonnent sur les berges.
Des libellules aux ailes bleu nuit voltigent alentour.
L'air entier semble du citron frais. Sous les paupières
Fruitées d'ocre, la bouche agrandit le sourire.
Au mitan de vivre, l'innocence embrase l'avenir
Mieux qu'au premier jour. Les mots roulent sous les lèvres
Comme des cerises. Les doigts courent partout,
Plus clairs que la lumière. L'échange ne connait pas de fin.
L'éternité ouvre les bras, tous les amants le croient.
Survient la grêle, il faut vivre des blessures. On campe
Dans deux ornières parallèles. La grisaille égare le ciel.
La paix minée, si maigres sont les récoltes, des signaux
Sonnent le tocsin. Ils se portent à la source, sans la voir.
L'heure creuse attend la liberté, nul ne sait quel retour.
Elle se ronge, il patiente ; veut-il la voir, elle se cache.
Tous deux perdent leur sang, de part et d'autre
D'une cloison que ni l'un ni l'autre ne peut abattre.
Pierre Perrin
Extrait de: (Des jours de pleine terre) page 74
Le poème mis en voix par Catherine Humbert;.
Et en vidéo :
"La Cloison" est publié aujourd'hui dans le cadre des "Rencontres Poétiques Sans Frontières"
(Photo Alain Montoyo...)