Un peu d'Histoire, avec les Amis de Louis Pergaud (...)
-
Nans-sous-Sainte-Anne est un village qui a beaucoup de cachet, dans le style jurassique des résurgences tumultueuses aux galeries secrètes, aux panaches blancs des eaux libérées, dans le cirque ouvert des reculées.
LE RASSEMBLEMENT DE NANS-SOUS-SAINTE-ANNE (8 septembre 1968)
" « Les Amis de Pergaud » qui demeurent dans la région, ceux que les vacances y amènent, se réunissent chaque année en un lieu ayant joué un rôle dans la vie de l'écrivain et laissé des traces dans son œuvre.
Cette année, c'était à Nans-sous-Sainte-Anne, sur la R.N. 492, entre Ornans et Salins.
Le rassemblement avait lieu près du pont du Lizon, et de l'école où Louis Pergaud suivit sa famille, quand Elie Pergaud, son père, dut quitter Belmont pour Nans-sous-Sainte-Anne. Ils n'y vécurent que deux années, mais Louis Pergaud et Eugène Chatot avaient fait connaissance !
Comme plus tard à Guyans-Vennes, puis à Landresse, les enfants, pour peupler leurs loisirs, livraient bataille à leurs voisins (ici ceux de Montmahoux et de Sainte-Anne). Au cours d'une de ces bagarres, Pergaud fut un jour pris, déculotté et fessé par les Montmahoux. Souvenir cuisant qui n'était certainement pas oublié quand Pergaud écrivait « La guerre des boutons ». Le nom de la Marie Tintin serait emprunté à Marie Jacquet dont le père était surnommé Tintin la Mouillotte. C'est à Léon Frachebois, dit Gambette, mort très jeune, que Pergaud devrait le surnom qu'il transmit à l’un de ses héros — bien qu'il y ait eu aussi un Gambette sur la Côte, à Landresse. Enfin, c'est à Nans-sous-Sainte-Anne qu'en 1900, Louis Pergaud retrouva Chatot nouant une amitié exceptionnelle dont il est question par ailleurs dans ce bulletin et qu'il fit connaissance de Deubel dont l'influence sur lui devait être déterminante.
Voilà ce qui nous amenait d'abord et avant tout à Nans-sous-Sainte-Anne.
Mais Nans-sous-Sainte-Anne est un village qui a beaucoup de cachet, dans le style jurassique des résurgences tumultueuses aux galeries secrètes, aux panaches blancs des eaux libérées, dans le cirque ouvert des reculées. Côté Montmahoux, la résurgence du Verneau, côté Sainte-Anne, celle du Lizon.
C'est aussi un village qui a un passé : trois châteaux aujourd'hui en ruines le dominaient autrefois : Montmahoux, Sainte-Anne et Montrichard.
Avant 1789, Nans-sous-Sainte-Anne abrita un temps les amours de Mirabeau et de Sophie dans la maison seigneuriale de Nans, appartenant alors au Marquis de Monnier. Tout près de cette maison, se trouvait au début de ce siècle la faïencerie Touret qui faisait un travail de qualité. Elle n'existe plus depuis 1914. La taillanderie Philibert qui vient de cesser toute activité était pour les Pergaud et Chatot une maison amie. Nans-sous-Sainte-Anne avait alors un hôtel célèbre, l'hôtel Hugon qu'avaient fréquenté Courbet et d'autres artistes. Et puis, l'hôtel Velut dont la cuisinière, Jeanne Cœurdevey, était un cordon bleu. La truite du Lizon et les écrevisses y étaient réputées.
Sitôt terminé le rassemblement des amis, les 77 participants se mirent en route pour la source du Lizon.
Nous jouissions d'une belle journée dans une Saison particulièrement pluvieuse. Les eaux tombaient plus dru que jamais de la belle excavation rocheuse entourée d'arbres où filtraient les rayons du soleil Les plus courageux montèrent jusqu'au creux Biard (ou Billard) malgré les cailloux et la glaise du sentier.
Notre doyen Eugène Chatot relevant le défi du vice-doyen Albert Goux, atteignit le but dans un très bon rang et indiqua à des jeunes, descendus dans le gouffre, l'emplacement de la croix métallique fabriquée par les Philibert et placée à l'endroit même où disparut tragiquement en 1889 une des filles du philosophe Lachelier dont le corps ne réapparut qu'aux grandes eaux d'automne malgré les efforts dévoués d'Elie Pergaud, d'Emile Philibert et d'un scaphandrier venu de Marseille.
Tout le monde se retrouva à l'Hôtel de la Poste où nous attendait une table excellente dans le climat amical de nos réunions.
A la fin du repas, le président Louis Colin excusa un certain nombre d'absents, remercia les présents et dit sa joie de la belle réussite de cette jouée. Le vice-président, M. Sunier a rappelé pour sa part l'émouvant pélerinage auquel il avait assisté récemment aux champs de bataille où Pergaud trouva la mort.
Les uns après les autres, les amis se séparèrent en se donnant rendez-vous aux vacances 1969. "
Jules Carrez
dans le Bulletin N°5 de l'Association "Les Amis de Louis Pergaud" page 107...